Face à la loi santé en discussion à l’assemblée, la CGT monte au créneau pour dénoncer l’accélération d’une logique comptable où la raison économique s’impose à la qualité de prise en charge.Après la loi Bachelot dont la CGT demande toujours l’abrogation, la loi santé actuellement en gestation risque d’aggraver encore un peu plus la situation.
C’est ce qui explique que la CGT, le 9 Avril, s’inscrira dans l’action nationale interprofessionnelle. « Derrière le tiers payant, mesure à laquelle nous sommes favorables mais ne règle pas la question du reste à charge et ne sera sans doute pas mise en place, la loi santé ne vise qu’à réaliser des économies en donnant les pleins pouvoirs au directeur de l’Agence Régionale de Santé (ARS)« , souligne Patrick Chaumeil, secrétaire départemental de la CGT santé action sociale.
Pour Florence Metge, secrétaire du syndicat CGT au CHU, l’hôpital public est encore une fois en ligne de mire. » Après la tarification à l’activité, on nous demande de faire 3 milliards d’économie. Ça signifie la suppression de 22 000 emplois et entre 110 et 150 pour le seul CHU. Quand on sait les difficultés que nous connaissons actuellement dans les services et les problèmes de fonctionnement des urgences, comment va t-on faire ? « .
Pas opposée sur le fond au développement de la chirurgie ambulatoire, la représentante syndicale observe qu’il devient un alibi pour limiter la facture et que l’on multiplie les sorties même quand l’hospitalisation se justifie. » Tout le monde a envie de rentrer chez soi le plus tôt possible. Mais quand un malade qui vient d’être opéré a des nausées et qu’on lui demande de partir, ce n’est pas raisonnable. J’ai aussi en tête la cas de cette dame, venue pour une ablation de la vésicule, pas en forme, qu’on a fait sortir et qui est revenue d’urgence dans la nuit pour une hémorragie. Où est le gain pour le patient ? « .
La politique d’économies à tout prix a également des conséquences en psychiatrie. » En janvier dernier, un collègue a été agressé à Lyon. Un autre s’est suicidé. Les 3/4 du temps, on fonctionne en effectif minimum. Trente patients pour trois infirmières ce n’est pas suffisant. Il faut faire une croix sur les activités, signale Natacha Tallaire (CHS Esquirol). Réduire le nombre de places et pousser vers la sortie les patients trop tôt, c’est risquer des rechutes et des passages à l’acte. Depuis le drame de Pau en 2002, on poursuit la logique qui a conduit au pire. »